Il y a quelques temps, j’ai annoncé mon intention de devenir
professionnel dans le jeu de rôle. C’était bien évidemment qu’une déclaration
d’intention mais elle recouvre une vision qui est bien concrète et qui se
matérialisera par des projets. Le premier d’entre eux s’appelle « La
Chaux-de-Fonds 1904 ». Je ne vais
pas décrire sur ce blog tous les détails du projet, pour cela vous pouvez
télécharger la
plaquette de présentation qui décrit le projet dans tous ses détails,
notamment ses aspects budgétaires. Je vais tout de même vous donner les grandes
lignes du projet.
La Chaux-de-Fonds 1904
est un projet global qui comprend :
- la création d’un supplément de contexte et un scénario pour le jeu de rôle Crimes (80 pages) ;
- la réalisation d’aides de jeu, notamment un plan interactif, et des décors ;
- une tournée de parties, tout d’abord au niveau local, puis dans la francophonie.
Comme son nom l’indique, le scénario prend pour cadre une ville incontournable
de Suisse à la Belle Époque. La Chaux-de-Fonds est une cité horlogère qui a
connu un grand développement à cette période et qui a la particularité d’être
perchée à plus de 1000 mètres d’altitude.
Je développerai et expliquerai plus tard chaque aspect du
projet mais pour l’instant je vais exposer comment ce projet est une étape
importante dans la professionnalisation de mon activité.
Un auteur pro ne peut pas être un
vendeur de papier
Si je souhaite devenir auteur professionnel, il ne faut pas
compter sur des droits d’auteur. De bonnes ventes de jeu de rôle tournent
autour de 500-800 exemplaires vendus pour un livre de base. Les droits d’auteur
s’élèvent rarement plus haut que 10% si l’on enlève les droits d’auteurs des
illustrateurs et graphistes. Avec un jeu à 35 €, les droits d’auteur ne
dépassent pas, même dans une situation idéale, 3000 €. Cela signifierait que je
devrais sortir un jeu par mois pour survivre en Suisse. Un jeu ne s’écrit bien
entendu pas en un mois.
Le revenu de la vente d’un jeu de rôle ou d’un supplément
peut être un précieux complément dans mon activité mais il faut garder les
pieds sur terre, il est impossible d’en vivre. J’ai donc réfléchi à un autre
modèle qui pourrait au moins me laisser un espoir de survivre.
Un auteur peut s’autoéditer mais …
Comme je l’ai évoqué dans mon
hommage à Silentdrift, j’accorde un grand intérêt à l’autoédition. C’est un
modèle qui offre un meilleur revenu dans une niche économique comme le JdR car
l’auteur cumule sa part d’auteur avec celle d’éditeur. Il n’est pas impossible
de vivre de sa création comme créateur de JdR indépendant, certains, à l’instar
de Romaric
Briand, se sont lancés dans ce pari. Cette manière de procéder est très
contraignante et ne peut être viable dans ma situation et mes contraintes
économiques. Je vais malgré tout essayer de tendre peu à peu vers ce modèle qui,
même s’il n’est pas suffisant pour me faire vivre, a le mérite d’être bien plus
profitable que d’être simple auteur. Il s’agit donc pour moi d’adapter ce
modèle pour le rendre viable.
Le modèle du JdR indépendant a à mes yeux trois gros défauts
que je souhaite corriger :
- Il isole l’auteur qui veut garder un contrôle total sur sa création. De cette manière, il laisse peu de place à d’autres partenaires qui pourraient lui être bénéfique. Attention, je ne dis pas que les collaborations ne sont pas possibles, je pense juste que les contraintes idéologiques du modèle brident de manière très forte les possibilités.
- Il sous-estime le travail éditorial qui est nécessaire et qui met en valeur le travail de l’auteur. Attention, je ne dis pas que les créateurs de JdR indépendant négligent l’aspect éditorial, je dis juste qu’ils mettent souvent plus l’accent sur la création que sur l’édition. Ils défendent l’idée que n’importe qui peut s’éditer. Pour ma part, je pense que l’on ne se décrète pas éditeur, on le devient. L’édition est un savoir-faire tout comme la création et l’autoédition demande les compétences pour endosser les deux casquettes.
- Il sous-estime la légitimité qu’apporte un éditeur surtout lorsque l’on sort le cercle très fermé des afficionados du JdR. Tout le monde ne passe pas son temps à s’informer sur le JdR et, d’un point de vue extérieur ou dilettante, le JdR indépendant n’est que quelques farfelus qui se sont autoproclamé auteur de JdR. Attention, je ne dis pas que les JdR indépendants ne peuvent pas acquérir une légitimité à terme mais cela prend du temps et beaucoup d’énergie, bien plus qu’avec un éditeur.
La Chaux-de-Fonds 1904
sera édité par les Ecuries d’Augias pour ces trois raisons. Le projet se
veut ambitieux et j’ai besoin de l’aide d’un éditeur compétent et reconnu. Il
me semble essentiel de fédérer autour du projet et, pour cela, je veux laisser
un espace à tous les partenaires qui souhaitent participer. Je partage
volontiers mon bébé. A ce titre, je lance un appel à tous ceux qui souhaitent
participer au projet, tous les partenariats sont possibles, il y a de la place
pour tout le monde et chacun aura sa part des retombées. Contactez-moi.
A ce titre, il serait bête de ma part de gâcher le projet en
me proclamant éditeur. J’espère apprendre ce métier mais je n’ai pas envie de
faire mes premières armes sur un projet aussi ambitieux. La Chaux-de-Fonds 1904 nécessite également une légitimité pour m’adresser
aux institutions publiques. Un contrat d’édition est une condition sine qua non
dans de nombreux cas pour adresser une demande de subventions.
Autoédition ou projets d’envergure ?
Après ces premiers paragraphes, on peut légitimement se dire
que je manque de cohérence. D’un côté, je dis que je souhaite tendre vers l’autoédition
et que je considère que c’est la méthode qui a le plus de chance de me faire
vivre un jour, d’un autre, je présente mon premier projet d’envergure qui n’est
pas adapté à ce modèle.
Je vais vous répondre que Rome ne s’est pas faite en un
jour. Mon activité sera faite de gros projets tel que La Chaux-de-Fonds 1904 et de plus petits projets que j’autoéditerai.
Les premiers serviront à me faire connaitre du grand public, ils forgeront
petit à petit ma propre légitimité auprès du public dans son sens très large.
Les seconds me permettront d’apprendre le métier d’éditeur. Petit à petit, je
me montrerai plus ambitieux dans mes projets autoédités, mais je ne veux pas
griller les étapes. Mon modèle économique se veut évolutif, il ne suivra pas
une idéologie mais se construira petit à petit au gré des projets, succès ou
échecs.
Je n’ai de loin pas fait le tour du sujet. Je continuerai à
expliquer mon modèle économique dans de prochains billets donc n'hésitez pas à me poser vos questions.