jeudi 2 mai 2013

Je serai un professionnel du jeu de rôle


Un titre bien particulier et, d’une certaine manière, racoleur pour cet article car depuis que j’ai la chance d’être auteur dans le jeu de rôle (Le Souffre-Jour, 2007), j’ai toujours entendu dire :
« Il n’est pas possible de vivre de la création de jeu de rôle. » 
« Les gens qui en vivent se comptent sur les doigts d’une seule main. »
 « Le JdR est un marché de niche qui ne fait plus vivre grand monde. »

Toutes ces affirmations sont globalement vraies et je ne vais pas les remettre en question. Il n’empêche que j’ai pris une décision importante avant Pâques 2013 : je vais devenir un professionnel du jeu de rôle. Je ne vais pas ici présenter ici mon business plan pour espérer un revenu de mon activité car il n’est pas encore établi précisément. J’ai bien des idées et des projets concrets qui me serviront de base au modèle économique que je souhaite mettre en place, tout ceci fera l’objet d’un article en temps voulu. Je vais plutôt parler de mon parcours et ce qui m’a poussé à prendre cette décision.
Au niveau professionnel, j’ai une formation d’historien et géographe complété par une formation pédagogique pour le niveau secondaire II. Depuis la fin de mes études, j’ai toujours travaillé dans l’enseignement avec quelques périodes de chômage ponctuelles pour faire le pont entre deux places de travail. Je pense être un enseignant qui n’est pas trop mauvais, j’ai du moins toujours donné satisfaction à mes employeurs. Si j’ai enchaîné plusieurs postes, c’était toujours choix personnel car je ne m’y sentais pas très bien.

Le salaire d’enseignant est confortable surtout lorsque l'on garde un train de vie d'étudiant, ou presque, comme moi. Je ne me prive de rien mais j’ai gagné pendant plusieurs années plus d’argent que je n’en dépense. J’ai à présent quelques économies.

Dans mes loisirs, j’ai passé des heures et des jours pour la création de JdR. J’ai commencé dans le fanzine Souffre-Jour qui m’a appris à écrire, puis j’ai poursuivi avec l’association ForgeSonges et le forum Silentdrift  ce qui m’ont appris à créer des jeux de rôle. Ainsi, à côté de mes activités, j’ai participé à quelques publications, j’ai dirigé une équipe de création de jeu de rôle pour Billet Rouge et j’ai créé de A à Z mon propre jeu Romance Érotique. Je suis devenu un auteur amateur reconnu (ou remarqué) et j’ai passablement exploré la niche du JdR et ses particularités.

Les astres se sont alors alignés pour moi. D’un côté, mon activité d’enseignant ne me satisfaisait plus suffisamment et j’avais un petit peu l’impression que j’avais fait le tour au niveau créatif dans mon loisir. Cela ne signifie pas que je n’ai plus d’inspiration et que je ne souhaitais pas créer de nouveaux jeux. C’est simplement que le statut d’amateur apporte des satisfactions : découvrir les choses, publier son bébé, rencontrer de nouvelles personnes. Mais il m’en faut plus, il me faut de nouveaux défis, je souhaite être de plus en plus ambitieux dans mes projets de création. Et pour ça, bricoler le soir après le travail ou le week-end, ça ne suffit plus. Je devais passer à la vitesse supérieure si je voulais encore créer avec autant de plaisir.

Mais ce qui m’a convaincu de sauter définitivement le pas, c’est un mandat d’historien qui débutera à partir de cet automne. Celui-ci m’assurera le minimum vital pendant plus d’une année, tout en me donnant une flexibilité de travail extrême. C’est une activité qui s’accorde parfaitement avec celle de création de JdR. J’ai donc décidé de me lancer comme « historien et game designer » indépendant[1]. J’ai donc démissionné de mon travail d'enseignant (je termine le semestre tout de même) et je ne me consacrerai alors exclusivement qu'à mes créations de jeu de rôle et à la mise en valeur du patrimoine.

On peut me croire optimiste ou doux rêveur. Mais je crois que c’est exagéré. J’ai rencontré et échangé avec des auteurs qui se revendiquent professionnels comme Romaric Briand ou Brand. Nous avons discuté et j’ai pu évaluer les difficultés qu’ils rencontrent. Elles semblent nombreuses mais je ne les estime pas insurmontables. J’ai également fait le choix comme historien d’avoir une activité différente mais complémentaire au JdR. Ce n’est pas uniquement pour des raisons financières que je diversifie mes activités : l'histoire est également ma passion au même titre que le JdR.

Et finalement, qu’est-ce que je risque ? Je ne vais pas m’acharner dans une activité indépendante jusqu’à ce que je sois ruiné et condamné à vivre sous les ponts. Je me suis laissé une année pour tenter ma chance, je ferai mon premier bilan après une année. C’est peut-être la crise de la trentaine mais c’est aussi sans doute le dernier moment de me lancer avant que des responsabilités familiales viennent éclairer mes nuits. Souhaitez-moi bonne chance.



[1] Il s’agit d’indépendance économique au sens du statut juridique professionnel qui y est rataché en Suisse.

10 commentaires :

  1. Je te souhaite une bonne chance et un bon vent pour tas nouvelle activité.

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  2. Bon courage ! C'est une sacrée décision qui t'honore. Et merci encore de t'être impliqué toutes ces années dans Forgesonges qui (n'ayons pas peur des mots) m'a véritablement changé la vie.

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    1. ForgeSonges m'a également changé la vie (tout comme le Souffre-Jour et Silentdrift), de nombreuses personnes se lancent dans la création dans le sens large par le JdR et lorsque l'on crée, la vie n'est plus tout à fait pareil. Par contre, je continue à m'engager dans ForgeSonges (même si je n'organise plus les Démiurges).

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  3. Et bien je te souhaite bonne chance, en espérant que cela marche pour toi...!

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    1. Merci amigo. Ca ne va pas être évident mais je suis très optimiste.

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  4. Conforme à mon habitude, j'arrive en retard, mais je te souhaite quand même la réussite et toutes ces sortes de choses !

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    1. Merci beaucoup. Il n'es jamais trop tard pour des bons mots.

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  5. Jamais trop tard?!
    Cool!

    Donc je te souhaite une bonne continuation!
    Travailler avec sa passion, c'est cela le plus beau métier du monde!

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    1. Merci, je suis super enthousiaste de me lancer. C'est vrai que travailler dans sa passion, c'est génial. J'espère que je parviendrai à en vivre.

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