jeudi 11 avril 2013

J'ai mastérisé en mode bilingue (et j'ai survécu) par Paragon



Après une petite pause, je lance un nouveau type d'article sur ce blog. Il s'agit d'invités qui ont d'une manière ou d'une autre quelque chose à dire qui a un lien, même lointain, avec notre pays. Toute personne intéressées a publier sur ici un texte est bienvenue, contactez-moi.
Nous commençons avec Laurent qui est un jeune auteur et illustrateur suisse. Je vous invite à passer sur son site pour découvrir certaines de ses créations

Je me présente ; Laurent dit « Paragon », 18 ans,  rôliste depuis mes treize ans et suisse par nature. J'ai dû dernièrement meujeuiser une partie en deux langues (français et allemand) et Nonène m'a demandé de vous en parler :

Au départ, ce devait être une partie pour Ludesco tout-à-fait normale : 6 joueurs 100% pur francophone, normal quoi ! Mais bon, le succès de mon scénario des Ombres d’Esteren aidant, j'ai accepté de prendre un premier joueur supplémentaire ; ce fut de bon gré car je le connaissais. Comme un autre joueur avait invité sa copine au festival, je lui ai naturellement proposé de jouer à ma table. Cette fois-ci, ladite copine suisse allemande ne parle pas un mot de français. Un beau challenge s’offrait à moi.

 
C'est une des particularités les plus déroutantes de le Suisse, ses multiples langues nationales et il faut s’y adapter. Bien sûr, j'ai appris l'allemand comme tout Suisse romand : je me débrouille mais ce n’est pas une langue maternelle non plus. Je me suis donc donné la peine d'essayer de doubler mes descriptions durant toute la partie.

Plusieurs difficultés se sont posées à moi. La première est le temps supplémentaire que peut prendre les descriptions : tout raconter deux fois à une table de huit joueurs dissipés, ça trouble passablement le jeu. Très rapidement, je me suis simplifié la tâche en parlant allemand uniquement lorsque je m’adressais à la germanophone de la table. Pour le reste, son copain, bilingue pour sa part, se chargeait de la traduction de mes autres descriptions.

La seconde difficulté provient du vocabulaire. S'il y a bien une chose que l'on n'apprend ni à l'école, ni lors d’excursions en terre germanique,  c'est le vocabulaire spécifique à une partie de jeu de rôle. En début de partie, j’ai eu du mal à trouver mes mots, avoir une personne bilingue en soutien m’a grandement aidé. Pourtant, si le bilinguisme de ma partie avait été connu à l’avance, j’aurais pu me préparer et répéter ce vocabulaire spécifique. Les mots problématiques n’étaient pourtant pas trop nombreux : trois noms de professions et de quelques armes.

A ce titre, je bénis les auteurs d'Esteren d’avoir opté pour des noms spécifiques pour les professions. Jusqu’à présent, je ne comprenais pas pourquoi ils avaient appelé les druides, Demorthèns ; les alchimistes, Magientistes ; les messagers, Varigaux. Mais l’avantage est que ces noms sont uniformes entre les langues et cela crée une sorte de vocabulaire commun.  Ainsi je donnais une fois la définition en français et en allemand et ensuite roulez jeunesse. A croire qu’ils avaient prévu dès le départ de faire des traductions et faciliter le passage d’une langue à l’autre !

En conclusion, je dirais que si une partie du genre était à refaire, il me faudra une préparation. Bien sûr, la difficulté de la langue s’ajoutait à celle du nombre de joueurs, mais je pense que l’expérience vaut le coup. Voici trois bonnes raisons de jouer en plusieurs langues :
·         Ça peut permettre de rapprocher les régions linguistiques de la Suisse (ou de Belgique, ou d’Europe, ou du Monde).
·         C'est un excellent moteur pour s’exercer aux langues.
·         Ça renforce les enjeux linguistiques dans le jeu de rôle[1].

Maintenant imaginons une table avec un MJ entraîné et des joueurs ne parlant pas tous la même langue... ajoutons là-dessus un scénario d'enquête pensé pour inclure des enjeux multilingues, un scénario historique en 14-18 sur la frontière par exemple.

Vous imaginez un peu l’expérience ludique que ça pourrait être ? Ça ne vous tenterait pas ? Moi ça me tente, j'aimerai bien organiser une telle chose un jour.


[1] Il y avait par exemple  dans les premiers D&D ces règles absurdes des compétences de langue qui ne servaient à quasi rien puisqu'en dehors des donjons tout le monde ou presque parle la langue commune. Et même si les personnages n'étaient pas censés se comprendre, les joueurs parlaient malgré tout la même langue autour de la table.

1 commentaire :

  1. Cette expérience est tout à fait intéressante. J'ai eu le même genre de réflexion lorsque j'avais été joueur à Soleure pour la Dice night (cf. Swiss Made JdR 1 et 2). J'ai l'impression qu'il ne faut pas forcément beaucoup pour que des tables bilingues soient possibles. Une bonne préparation et éventuellement des jeux adaptés peuvent à mon avis faire beaucoup.

    RépondreSupprimer