Un nouveau rédacteur invité nous propose un article. Il s'agit à présent d'un auteur français qui parle de la Suisse dans son l'univers de son jeu tout fraichement sorti. Je vous laisse découvrir cet interprétation surprenante de notre pays.
Thomas
Munier est l’auteur de Millevaux, un univers post-apocalyptique forestier pour
le jeu de rôle Sombre (horreur radicale) et le jeu de rôle Inflorenza (horreur
épique). Il tient également Outsider, un blog sur le processus créatif et lefolklore personnel.
A l’instar de la Brigade Chimérique (la bande
dessinée et le jeu de rôle), j’ai voulu avec Millevaux utiliser le folklore européen
pour développer un univers de fiction. Un folklore post-apocalyptique d’horreur
forestière. J’ai pris beaucoup de plaisir à réinterpréter et détourner les
légendes et les faits historiques de notre continent en écrivant Millevaux.
J’espère que les joueurs en feront de même en développant leur propre enfer
forestier européen.
Le Livre Source présente déjà de nombreuses
données européennes. Le Mur de la Honte qui ceinture le continent, des sectes
chrétiennes telles que les Disciples de Khlyst, des conflits militaires et
religieux qui se répercutent entre l’Autriche-Hongrie, la Roumanie, l’Empire
Ottoman et le Maghreb.
Le prochain supplément de contexte sera
l’Atlas. Il décrira en détail chaque pays de l’Europe de Millevaux, de
l’Angleterre aux Monts Oural, de la Scandinavie au Sahara. Millevaux Sombre
étant un jeu adapté au one-shot, j’ai voulu proposer au joueur une multitude de
théâtres exotiques. Chaque pays a droit à quelques pages de contexte qui
présentent une ou deux problématiques, quelques lieux notoires, quelques
personnages, des conflits en gestation.
Je n’avais pas l’intention d’offrir un panorama
exhaustif mais d’aborder pour chaque pays quelques thèmes forts qui créent du
jeu.
Pour la Suisse, qui s’appelle de nouveau la
Confédération Helvétique dans Millevaux, je me suis concentré sur le paradoxe
de la neutralité. De nos jours, de mon point de vue français, la Suisse me
paraît à la fois très fermée (neutralité militaire et politique) et très
ouverte (rôle monétaire, échange migratoires de travailleurs, pôle
scientifique) au reste du monde. J’ai imaginé comment se développerait ce
paradoxe en l’anticipant dans Millevaux. Cette tension entre ouverture et
fermeture me paraissait très créatrice de jeu.
Sa neutralité militaire et politique a permis à
la Suisse de ne pas être asservie comme le reste de l’Europe avant la
Catastrophe. Ainsi, elle n’a pas été associée aux recherches en agriculture
intensive qui ont conduit à la Catastrophe. Mais une fois la Catastrophe
passée, la Suisse n’a pu échapper aux retombées que véhiculaient les spores
corrompues… Elle est devenue un enfer forestier comme le reste de l’Europe.
J’ai estimé que la Suisse avait eu le temps
d’anticiper la Catastrophe et de s’y préparer. Le Centre Espoir, pôle
scientifique ultra-sécurisé inspiré du CERN, a survécu à la Catastrophe. Alors
que le reste de l’Europe retombait au Moyen-Âge, la Suisse maintenait une
technologie avancée. Elle développe même une substance, le sérum de mémoire
cellulaire, qui atténue le Syndrome de l’Oubli. Alors que le reste de l’Europe
sombre dans l’amnésie, la Suisse devient la mémoire du continent.
Dirigé par les Patriarches, des clones
paranoïaques, le Centre Espoir poursuit ses avancées technologiques sans les
partager avec l’étranger. Les frontières suisses sont gardées par des drones,
des vigiles et des tribus étrangères payées par la Suisse. L’objectif est
d’abattre tout ressortissant étranger qui viendrait apporter spores ou
dissension sur le sol helvète. Cependant, certains suisses brisent le black-out.
Ils creusent des tunnels de contrebande vers l’étranger ou conspirent à offrir
les technologies du Centre Espoir à l’ensemble de l’humanité. Le peuple suisse
tente de survivre en circuit clos mais les spores corruptrices sont sans
frontière et la forêt progresse dans les alpages comme partout ailleurs.
Pour les étrangers un peu au fait de ce qui s’y
passe, la Suisse apparaît comme un dangereux eldorado. J’ai eu l’occasion de
faire toute une campagne Millevaux Sombre d’un voyage vers le Centre Espoir. J’ai
aussi fait une campagne entière de Millevaux Inflorenza sur des personnages
européens qui parvenaient à collaborer avec les scientifiques du Centre Espoir.
Ils les ont convaincus de s’associer avec eux pour lutter contre les Horlas,
monstrueuses entités surnaturelles qui ont fait de Millevaux un enfer.
Ensemble, ils ont conçu les Abraham, prometteurs et terrifiants mechas animés
par la magie blanche.
Utiliser le paradoxe suisse de la neutralité
peut apparaître comme un cliché. Mais c’était un cliché fertile en jeu de rôle.
De la lutte contre des gardes-frontière primitifs à la préparation d’une
bataille continentale high-tech, la Suisse s’est avéré un pivot ludique du jeu.
Je serais vraiment curieux de savoir ce que pensent les joueurs suisses de cette
idée. Et plus encore de découvrir comment ils joueraient dans la Confédération
Helvétique de Millevaux et dans les autres pays de cette infernale Europe
forestière.
La suisse employant des mercenaires plutôt que d'être employé comme tel: drôle de retournement de situation!
RépondreSupprimerJ'avais fait une réponse mais je me rends compte que ça n'avait pas été validé ! Ta remarque m'intéresse, Laurent. On peut tout à fait envisager de jouer une team de mercenaires suisses équipés de matériel high-tech qui s'aventurent dans le Millevaux féodal pour vendre leurs services au plus offrant... et se retrouver confrontés à des Horlas de gros niveau. J'avais fait une campagne sur une idée assez proches, les joueurs incarnaient une team de GI américains largués dans Millevaux...
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