mercredi 8 mai 2013

Amateur ou professionnel, il y a une différence

Après l'article "Je serai un professionnel du JdR", je poursuis mes réflexions sur la professionnalisation dans notre hobby. Je dévoilerai ainsi peu à peu mes intentions et mes projets qui, je l'espère, me permettront d'en vivre.

Dans le jeu de rôle, la différence entre amateurs et professionnels est floue et elle est d’ailleurs souvent minimisée dans les discussions. Pour ma part, j’ai longtemps considéré qu’il n’y avait aucune différence entre les professionnels et les amateurs « ambitieux » ou « de talent ». J’avais constaté que le fanzine amateur du Souffre-Jour est, sous de nombreux aspects, bien meilleur que certains suppléments de la gamme officielle Agone. Avec ForgeSonges également, nous étions une association d’amateurs qui a sorti des jeux de qualité reconnue : Les Ombres d’Esteren, Mississippi, etc. La plupart des projets rassemble également des amateurs et des professionnels, souvent des auteurs amateurs et des éditeurs professionnels.


Donc la différence entre amateur et professionnel n’est définitivement pas la qualité des projets, elle est ailleurs. On peut également se poser la question de ce qui changera pour moi lorsque j’aurai un statut officiel et légal d’indépendant. Jusqu’à présent, j’étais enseignant à temps plein ou partiel et je m’investissais dans mes larges temps libres pour organiser les Démiurges, rédiger la revue Swiss Made JdR, écrire des jeux de rôle, aller en convention, etc. Cet automne, j’assurerai un mandat d’historien à temps partiel (voici la description du projet pour les curieux, je ne m'étendrai pas dessus ici car ce n'est pas le sujet du blog) et je ferai mes activités de JdR à côté. D’un certain point de vue, je ne fais que remplacer mon activité rémunératrice d’enseignant par une autre. De plus, il est certain que j’aurais aussi finalisé comme amateur les projets qui servent à présent de rampe de lancement à mon activité indépendante.

Et pourtant, à mes yeux, ma situation évolue drastiquement. La différence est avant tout mentale et organisationnelle. C’est toute la démarche qui diffère. Je ne dis pas que l’on devient plus sérieux en devenant professionnel car j’ai toujours été très sérieux dans tout ce que j’ai entrepris dans le jeu de rôle. Jusqu’à présent, ma vie professionnelle et mes créations (JdR et histoire régionale) étaient clairement délimitées. J’ai bien fait du JdR en classe et je suis professeur d’histoire mais l’intégration entre mes diverses activités n’était pas satisfaisante, voir stressante. Finalement, ma vie professionnelle créait des contraintes qui empiétait sur mes activités de créateur et de chercheur. Inversement ma passion empiétait parfois sur la qualité de mon travail et sur ma qualité de vie (retard dans les corrections, fatigue et surmenage).

La grande révolution pour moi est donc avant tout d’avoir l’ambition de mettre mes passions au centre de mes activités. J’ai acquis depuis Pâques une certaine sérénité et j’ai enfin l’impression que je fais ce que j’ai profondément envie de faire. Mes activités professionnelles s’intègrent enfin à ma vie et elles sont, déjà maintenant, en train d’entrer en résonance et de devenir un tout cohérent. Il faut également dire que depuis que je suis clair sur ma future professionnalisation et que je les ai rendues publiques, je suis plus proactif et des collaborations se profilent déjà avec différents partenaires. Comme amateur, à chaque nouveau projet, j’avais le souci d’évaluer « si ça n’allait pas empiéter sur mon travail » ; comme indépendant, lorsqu’un bon projet montre le bout de son nez, je m’enthousiasme en me demandant « comment l’intégrer à mes autres activités ». Car finalement, la professionnalisation rend possible une plus grande ambition, j’aurai une liberté d’organisation maximale et la possibilité de déterminer mes priorités de travail.

Je n’idéalise pas non plus mon nouveau statut. Il y a également des contraintes, financières avant tout. La professionnalisation induit une obligation de rentabilité globale de mes projets, au moins pour manger et payer mes factures. Il faudra donc plus rationaliser le travail et, même s’il est toujours possible de faire des projets créatifs fous et sans logique économique, il faut assurer derrière avec des projets plus « payants ». De plus, toutes les activités qui étaient jusqu’à maintenant strictement récréatives comme les conventions acquièrent une nouvelle dimension plus sérieuse. Ça fait un petit peu bizarre d’y penser.

Ce n’est ici que mes premières impressions depuis que je me suis décidé. Sans doute que la réalité est bien plus complexe que cela et que je me projette avec plein d’illusions, mais je voulais partager cette réflexion basée sur mon ressenti. Et vous comment vivez-vous ou imaginez-vous la différence entre amateur et professionnel ?

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